Mes grands parents d’origine Charentaise arrivent à Bordeaux Bastide en 1933 et s’installent quai des champs avec leurs deux filles, ma mère et ma tante. La rive droite, c’est le Bordeaux ouvrier avec ses odeurs, ses fumées noires que crache la Ciemeté grosse entreprise de sidérurgie. Les rues sont sombres, les caniveaux dégueulent d’eaux saumâtres. Puis il y a la Garonne, frontière fluviale entre le Bordeaux des pauvres et le Bordeaux des bourgeois. La rive gauche fleure bon l’argent, les grands magasins, les grands hôtels 18eme et la culture. Mon grand-père a arrêté l’école après son certificat d’études et travaille comme forgeron à la Ciemeté. C’est un grand curieux Auguste il dévore les revues Historia et avec son précieux poste de TSF il découvre le monde. De son coté ma grand-mère s’occupe du quotidien comme beaucoup de femmes à cette époque et a ses heures perdues est couturière. Elle est gaie et coquette malgré ses problèmes de santé. Tous les dimanches matins Auguste prend le journal qu’il décortique religieusement avant le repas dominical. Un jour lors d’un de ces repas, un ami de mon grand-pèreMr André professeur de musique de son état, il habite rive gauche, lui propose de donner des cours de solfège à ma mère Mireille et des cours de chants à ma tante Colette. Mes grands-parents sont ravis car ils souhaitent donner leurs filles l’instruction dont ils ont été privés. Nous sommes en 1937 et tous les samedi matins les futures musiciennes traverse la Garonne à bord du bus qui les dépose devant l’école de Mr André, Cours de la Marne. Ma mère décide d’apprendre le violon et Auguste se met rapidement en quête pour trouver l’instrument. Il apprend par un de ses collègues d’usine que sur les hauts de Florian le château Ledoux vend divers meubles, objets, vaisselle et instruments en tout genre dans un but caritatif. Auguste décide de se rendre à la vente le dimanche suivant.Il enfourche son vélo et grimpe la côte pentue de Mon Repos. En arrivant il y a déjà beaucoup de monde dans la cour et le hall d’entrée du château. Il joue un peu des coudes (mon grand-père fait de la lutte) pour se frayer un chemin et finie par se retrouver dans une petite pièce qui est sans aucun doute une bibliothèque. Des vitrines pleines à craquer de livres, des étageres bancales prêtent à s’écrouler sous le poids des encyclopédies. Des journaux empilés pareils à des pyramides et sur une table en acajou, des cendriers, des encriers. Tout cela crée une joyeuse pagaille. Soudain les yeux de mon grand-père se pose sur une boite en cuir remplie de poussière. C’est un étui pour violon. Il l’attrape, l’ouvre et vérifie si l’instrument est à l’intérieur. Son visage s’illumine, il a trouvé le violon pour Mireille, ma mère.Il dévale la cote de Mon Repos en 3 coups de pédale et arrive à la maison. En voyant l’étui et devinant ce qu’il contient ma mère éclate de joie. Le samedi, comme tous les samedi, les filles montent dans le bus pour se rendre chez Mr André. Celui-ci est ravi de voir que ma mère a enfin son violon. Très fière Mireille lui présente l’étui. Mr André prend l’instrument délicatement et l’inspecte sous toutes les coutures. Tout à coup il manque de perdre l équilibre. Au fond de la caisse du violon une étiquette quelque peu défraîchie attire son attention il est inscrit : "Stradivarius Cremonensis. faciebat Anno 1731". Avec une intense émotion, il caresse le précieux bois du violon, fait danser l’archet sur les cordes. Il se ravise et dit d’un ton clair : « le son n’est pas terrible mais une fois accorder tu vas faire des miracles ! » Un dimanche matin, l’oreille collée au poste de TSF, ce dimanche là il n’y avait plus de journaux dans les kiosques, le visage d’Auguste s’assombrit, il serra ses poings et dit d’un ton grave : « les allemands sont à nos portes les filles doivent partir chez ton frère à Saintes ». Le lundi 10 juin 1940, les sirènes et les cloches annonçaient le début de la guerre, les bottes allemandes claquaient sur les pavés bordelais. Il a urgence, il faut fuir on prépare les valises à la hâte. Sur le quai de la gare on sent l’inquietude, la peur. Dans un brouhaha incessant, ma mère et ma tante, les yeux rougis embrassent une dernière fois leurs parents. Elles s’installent dans le wagon qui les mène vers la liberté. Elles seront à l’abris des bombes et mangerons à leur faim. Ma mère serre contre elle la boite à violon. le train s’ébranla dans un effroyable bruit de ferraille et disparue enveloppé d’une épaisse fumée. L’arrivée à la ferme fut longue et fatigante. Mon arrière grand-mère, Suzane, personnage d’un autre siècle, attendait les filles devant la porte. Elle était tout de noir vêtue, la jupe de gros drap lui couvrait les sabots, un chignon laiteux trônait sur sa tête tel un point sur un i. Les poings sur les hanches dit d’un ton sec : « ha ben vous vla ! les bourgeoises … ». En l’espace d’une seconde les filles avaient compris que leur vie allait changer. Fini la musique et le chant d’ailleurs Suzanne les mis vite au diapason : « Ici si on veut manger faut travailler! ». Les semaines et les mois se ressemblaient. Mener les vaches au champs, tirer le lait, nettoyer les étables. Quelques fois, le soir ma mère prenait son violon et s’évadait un peu grâce à la musique. Un soir, des soldats allemands arrivèrent jusqu’à la ferme pour requisionner des vivres. L’oncle de ma mère, Guy se mit en travers de la porte une fourche à la main. le plus gradé des soldats fit aligner tout le monde contre le mur de la grange et dans un très mauvais français cria : « Je veux de la nourriture et le violon, sinon ». Il braqua son révolver en direction de ma mère et ses autres acolytes mirent en joue les autres membres de la famille. C’est comme ça que le Stradivarius disparue tragiquement. La vie n’a pas de prix, même pour un trésor.
Carole
A la recherche d’un monde perdu Fort Landerdale, Floride, 1999. Henry L. se prépare pour un pèlerinage familial important pour les quatre-vingts ans de son père ; ils partent en Pologne dans la ville où ses parents ont vécu jusqu’à l’invasion allemande. Kalisz est probablement la plus vieille ville de Pologne, elle serait mentionnée par les Romains au IIème siècle avant JC. Elle n’a pas été touchée par les bombardements allemands, elle fut très vite occupée puis annexée par le Reich car elle se situe non loin de la frontière allemande. La population, qui était en grande partie juive, fut exterminée et expulsée de Kalisz. C’est là que l’histoire de la famille L. prend un tournant tragique. Au commencement de la guerre, le père et la mère de Henry, Léon et Junia, sont très jeunes et ne sont pas encore mariés. Ils s’enfuient vers la seule destination qui s’offrait à eux : la Russie. Ils s’enfoncèrent loin dans le pays jusqu’à Petrovsk située au bord du lac Baïkal. C’est au fin fond de la Sibérie, en 1944 dans un camp de réfugiés, que le petit Henry a vu le jour. Dans les années 1920-1940, le grand-père de Henry était l’heureux propriétaire du théâtre juif de Kalisz où se produisaient bon nombre de comédiennes et comédiens célèbres. La famille L. faisait partie de la bourgeoisie Polonaise et vivait dans un bel appartement d’un immeuble cossu du centre-ville. La vie y était douce, ce milieu d’intellectuels n’aurait jamais pu imaginer ce qui allait arriver. En 1945, Léon et Junia, mariés, leurs deux très jeunes enfants sous les bras, décidèrent de faire l’exode en sens inverse, direction Kalisz afin de retrouver leur vie d’avant. La ville avait tenu debout mais était devenue une ville fantôme dépourvue de ses habitants. Les L. n’y trouvèrent que le néant : ni famille, ni amis, plus âme qui vive, tout l’ancien monde avait disparu à jamais dans les ténèbres. La Pologne d’après-guerre était très embarrassée de tous ces juifs errants. Ils prirent alors la décision de partir pour toujours de ce pays, laissant leur passé derrière eux. Ils décidèrent de s’embarquer dans une épopée de plusieurs mois à pied à travers l’Europe, puis en train et s’arrêtèrent à Paris. Ils posèrent donc leurs maigres bagages en France, terre d’asile, où ils vécurent pendant dix ans avant de partir définitivement pour vivre le rêve américain. En 1999 la famille L. décide de revenir en Pologne. Et voici trois générations d’une famille américaine en vol long-courrier en partance pour Varsovie : Léon et Junia, Henry et Elvira leurs enfants, ainsi que Silva la fille de Elvira. À leur arrivée, les L. prennent un guide qui leur fait visiter Varsovie. Ils sentent qu’ils ne sont pas les bienvenus en Pologne, la réticence des habitants à leur donner quelque information que ce soit en rapport avec la seconde guerre mondiale est palpable. Ils visitent la seule synagogue encore épargnée, entourée de barbelés pour des raisons de sécurité. Ils trouvent la liste des déportés de la ville et apprennent que la mère de Léon, grand-mère de Henry, est morte dans le ghetto de Varsovie et a été enterrée dans une fosse commune du plus grand cimetière juif local. Les trois générations de L. se rendent au cimetière. Ils allument et posent une bougie puis Léon récite le Kaddish, la prière aux morts, afin que sa mère repose enfin en paix. Après deux jours passés à Varsovie, le guide les conduit jusqu’à Kalisz à deux cents kilomètres de la capitale. La ville n’a pas changé, l’architecture est la même, seule la destination des monuments est différente. Cinquante-cinq ans se sont écoulés ; quel mélange de sentiments contradictoires, quelles émotions doivent-ils ressentir ? nostalgie ? désespoir ? colère ? Comme à Varsovie, ils ne sont pas les bienvenus, pire, il ne reste plus rien des cent ans de culture juive, la synagogue est devenue une église, le cimetière juif a été vandalisé, tout est cassé, tout n’est que ruine. La ville est certes restée exactement la même mais seulement en apparence, en vérité son âme a changé, elle n’existe plus dans les yeux des L. Néanmoins, après si longtemps Léon et Junia ne parviennent pas à s’orienter vers leur quartier car les noms des rues ont changé. Ils vont à la mairie et tombent enfin sur des personnes d’une grande humanité qui leur donnent accès au plan cadastral. Ils retrouvent l’immeuble intact, le seul endroit qui soit resté figé dans le temps et leur mémoire. Ils sont devant l’immeuble où Léon avait vécu. Il le reconnait immédiatement, la façade est restée inchangée. Les parents décident d’y monter seuls. Ils sonnent à l’appartement et une vieille femme leur ouvre la porte. Léon lui explique que cet appartement a longtemps appartenu à sa famille. La vieille femme leur permet de rentrer. Quel choc de voir que tout est resté en l’état, tout, même les meubles : le beau vaisselier, la haute armoire en bois massif, tout y est, mais alors si rien n’a changé... En 1939, la peur avait envahi l’Europe comme une lente gangrène qui commençait à accélérer son irrémédiable travail de pourriture ; les jours heureux étaient révolus. Les troupes allemandes étaient dans la ville, leurs exactions obligèrent la famille à prendre la seule décision qui s’imposait : fuir. Le père de Léon réunit sa famille et leur montra où il avait décidé de cacher de l’argent, les bijoux de famille ainsi que le fameux violon qui lui avait été transmis par son père. Il monta sur un escabeau et ouvrit une trappe invisible à l’œil nu qu’il avait confectionnée dans le mur en pierre au-dessus de la cheminée, pensant qu’ils pourraient survivre quelques temps une fois la guerre terminée en vendant les seuls biens matériels qui leur resteraient probablement. Il reboucha alors la cachette sans se douter qu’elle renfermerait pour très longtemps le trésor familial et qu’il ne jouerait plus jamais de son violon. ...si rien n’a changé dans cet appartement, alors le trésor est en toute probabilité toujours enfoui au-dessus de la cheminée ! Au-delà de sa valeur pécuniaire, c’est une valeur sentimentale inestimable qu’ils aimeraient maintenant récupérer. Le seul moyen de le reprendre est de racheter le logement, même si racheter est un terme biaisé puisque les L. ne l’ont jamais vendu. Après de vaines tractations, le propriétaire refuse de leur vendre l’appartement car la vieille dame veut y finir ses jours. A l’évidence ils n’ont pas pu expliquer au propriétaire pourquoi ils tiennent tant à racheter ce bien. Les L. repartent aux Etats-Unis le cœur gros. Ce pèlerinage leur aura laissé un goût amer même si pour Léon il fut nécessaire pour boucler la boucle. Un voyage transgénérationnel pour ne jamais oublier. Léon décède en 2003 sans avoir récupéré le trésor familial. Les années passent et en 2024, Henry séjourne à Paris auprès de son plus vieil ami. Un autre Henri né dans le même camp de réfugié en Russie, immigré à Paris après la guerre et que la France a adopté pour toujours. Ils se remémorent leur prime jeunesse passée ensemble à Belleville puis Henry raconte son voyage en Pologne. La famille de Henri le presse de questions, passionnée par son récit. De retour chez lui en Floride, Henry a quatre-vingts ans, le même âge que son père Léon lors de leur voyage en Pologne. Son séjour à Paris l’a replongé dans ses souvenirs. La vieille femme doit être morte depuis longtemps. Pour lui le temps est peut-être venu de récupérer le trésor.
Véronique
Je suis une petite fille sage, un peu boulotte. Un visage quelconque, adouci par de longs cheveux châtain clair, je porte des lunettes à monture d’écaille qui renforce le sérieux avec lequel je mène ma vie d’écolière. Souvent perdue dans mes rêves, je m’évade comme je peux d’une vie trop étroite. Les seules fenêtres vers d’autres mondes sont la télévision, les livres et les rêves. Ce jour-là notre voyage dans la 4L un peu déglinguée de ma mère. nous amène à Caudéran, dans ce quartier huppé de Bordeaux. Nous traversons la teinturerie encombrée par des alignements de vêtements suspendus sur des cintres qui empestent le perchloréthylène puis nous débouchons dans la rue où se situe l’appartement de ma mamie. Ma grand-mère gère d’une main de fer un dépôt de teinturerie sur les boulevards. J’entendais souvent dire qu’elle bataillait avec les différents teinturiers et blanchisseurs qui travaillaient pour elle. Ma grand-mère me fascinait. Elle se faisait appeler Andréa ; Elle trouvait cela plus chic que son véritable prénom, Andrée. Son visage soigneusement poudré était encadré par des cheveux blancs aux reflets bleutés, savamment mis en plis chaque semaine par son coiffeur. Elle portait des habits confortables, bien coupés, de marques prestigieuses. Son loden en poils de chameaux si doux m’émerveillait. Moi, qui étais souvent habillée avec des tenues, données par la voisine. Après les embrassades, je file par l’escalier, j’entre dans la salle bains, et entrouvre le battant de la garde-robe en acajou massif qui grince comme à chaque fois. Une bouffée d’enfance me submerge alors lorsque, entrant dans le grenier, je découvre un morceau d’étoffe soyeuse dépassant d’une malle. Celle-ci contenait les effets personnels de ma grand-mère Andréa, décédée depuis longtemps. J’extirpe précautionneusement l’ample peignoir de soie, bleu clair à pois noirs. Il avait gardé le lustre d’antan. Je le déplie lentement et le caresse rêveusement. Il reflétait un peu mon âme d’enfant. Je l’endosse face au miroir de l’armoire dans la salle de bain de la maison de ma grand-mère. La magie alors s’opère s’installait. Je m’incarne aussitôt dans des personnages que j’admire au point de susciter des vocations inaccessibles à ma condition de petite fille de milieu modeste. Jusqu’au jour où ce jeu cessera cessa brutalement. De nouveau au domicile de ma mamie, je reprends possession du luxueux déshabillé de soie ! Je le décroche du cintre sur lequel il repose, inanimé. Je m’en drape le corps ; je deviens aussitôt « Maria Callas » en personne. Je me mets alors à chanter d’une voix très aigue. Je ferme les yeux et je revois le visage sublimement maquillé de la grande diva. J’ose des effets de manches, des mimiques expressives et dramatiques face au miroir. Je virevolte et décuple la puissance de mes arpèges. Soudain, par la porte restée entrebâillée, la voix de mon aïeule parvient jusqu’à moi : « Tu verras le diable ! ». Et quelques instants plus tard : « C’est l’heure ; il faut partir. » Je reprends brutalement contact avec la réalité. Une fois encore, je monte l’étroit et sombre escalier qui mène à la salle d’eau. Je revois la pièce claire où trône la baignoire énorme, trapue, avec ses pattes de lion dorées. J’entends à nouveau le grincement du battant de l’armoire où je prends le fameux peignoir à pois noirs et instantanément je suis transformée. Je suis « Alice Sapritch », la grande tragédienne. Je sens même son bandeau emplumé enserrer mes cheveux. Je déclame des tirades enflammées en resserrant mes mains pudiquement sur le décolleté du vêtement soyeux. Mon visage grimace de la douleur d’un amour interdit lorsque résonne la maudite phrase rituelle : « Tu verras le diable ! » Me voilà soudainement revenue dans la banalité de ma vie. Lors d’une autre visite, après avoir gravi en courant les marches, je me précipite vers la penderie qui couine bien sûr comme toujours. Le vêtement enchanté est à sa place. Je le décroche avec hâte de son porte manteau. Je le revêts avec gourmandise. Cette fois-ci, je me sens pousser des ailes. Je pivote sur la pointe des pieds, les bras en couronne, aussi légère qu’une ballerine. Arabesque, pas de bourrée, je danse libérée de mon corps un peu pataud. Je salue mon public sous les bravos d’un public émerveillé par ma prestation. Les hourrahs fusent lorsque retentit la phrase fatidique : « Tu verras le diable ! » ; « Allez ! dépêche-toi ; Il est temps de dire au revoir ». Tout en me hâtant de remettre tout en place, je reprends pied, à regret, dans la vie ordinaire. Puis, ce sera cette ultime fois et cette dramatique séance. Je monte les degrés de l’escalier. Un orage tonne au loin mais se rapproche. J’entends avec appréhension les coups de tonnerre qui claquent juste après les zébrures qui illuminent le petit boudoir sombre à cause du lourd ciel d’encre et d’ardoise. Le gémissement habituel de l’armoire prend une tonalité particulièrement lugubre. Je me saisis de l’envoûtant peignoir et m’apprête à l’endosser pour me rêver en une autre, lorsque un flash fulgurant enflamme mon reflet dans le miroir. J’entrevois mon visage qui se craquelle en mille fines ridules. Mes cheveux dressés ont blanchi dans la lueur aveuglante. Quelle horreur ! Ma silhouette est devenue c’elle d’une vieille femme, une espèce de sorcière ! Mon cœur bat à se rompre... Je reste longtemps immobile à écouter la tourmente qui déjà s’apaise et la pluie battante qui martèle le toit. Ai-je vraiment vu cette créature hideuse qui me ressemblait tant ? Cette apparition est-elle un avertissement ? Je n’ai pas le souvenir, cette fois, d’avoir entendu la voix des adultes criant la phrase habituelle : « Tu verras le diable » mais néanmoins elle a résonné dans ma tête. J’ai vraiment vu LE DIABLE cette après-midi-là !
Anne