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      Récits sur le thème du "trésor enfoui"


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       Dans un salon, un feu de cheminée crépite Marie et son petit-fils Adrien sont réunis comme tous les soirs pour un moment de partage. Marie : Adri, as-tu découvert le lavoir dont nous avons parlé hier ? Adrien: Oui mami, l’endroit est très beau et apaisant. Marie : Les gens du village connaissent beaucoup d’anecdotes le concernant et ils organisent chaque année un spectacle pour retracer les récits des années 1900. Adrien: J’aimerai beaucoup y assister. Marie : Reviens en août. Adrien: Tu accepterais que je revienne pour bousculer encore ton quotidien. Marie : Tu ne bouscule rien au contraire cela me sort de ma routine et m’enchante mais ne tarde pas trop car bientôt je ne serais plus là. Adrien: Ne dis pas ces choses-là. Marie : Mon enfant j’ai 98 ans et j'ai décidé de rejoindre un foyer pour personnes âgées cet automne. Adrien: Personne n'est prévenu, ici tu es bien, entouré de tous tes souvenirs. Marie : Au crépuscule de ma vie, mes forces s’amenuisent, il est temps pour moi de partir, j'ai trouvé une colocation avec des personnes adorables et plus jeunes cela me permettra de terminer mes jours sereinement. Adrien: Mami, je ne connais rien de ta jeunesse Marie : Tu sais il n'y a rien à en dire. Adrien: Mais où vivais tu ? Marie : Dans un petit village du nord de la France. Adrien: En zone occupée durant la guerre, tu as dû connaître des jours très difficiles. Marie : Privations, humiliations, tragédies telle était notre quotidien Adrien: peux- tu un peu me raconter ? Elle se recroqueville et d’une voix chevrotante Marie : Mon père est mort au début de la guerre en 40 et ma mère s’est laissée mourir. Je me suis retrouvée seule avec mes deux sœurs, je n'avais que 16 ans et aucun argent. Adrien : qu'as-tu fait ? Des larmes coulent le long de ses joues Marie : J’ai abandonné mes sœurs. Adrien : Que veux-tu dire ? Marie : Je me suis rendue au couvent du village et j’ai confié mes sœurs à l’orphelinat. Adrien : Tu as fait ce que tu croyais juste. Marie : Oui sûrement mais ensuite je suis partie en zone libre et je me suis mariée et je n’ai jamais cherché à les retrouver. J’ai essayé d’oublier mais c'était impossible la honte me submergeait. Le silence s’installe Adrien : C'est pour cela que tu n'as jamais eu d'enfant. Marie : Je ne devais pas donner la vie, je n'en avais pas le droit. Je suis devenue maman avec ta mère, la fille de ton grand père et je l'ai aimée de tout mon cœur comme ma propre fille. Adrien : Pourquoi n'as-tu jamais évoqué l'abandon de tes sœurs, tu dois être aujourd'hui en paix et ne plus porter le poids de la culpabilité. Il faut levez le voile de ce trésor enfoui, le drame de ta vie. Marie pose un regard apaisé sur son petit-fils et un sourire illumine son visage. Marie : Je suis enfin délivré de ce poids qui me pesait depuis plus de 70 ans. Merci Adrien. 

      Pascale
           

       Dans le rêve qu’elle affectionne depuis son adolescence, une locomotive fumant et crachant, le sifflement des pistons et un nuage de fumée l’enveloppent. Serrée dans une capeline de velours au col de fourrure douce du renard argenté, elle est suivie d’un porteur accroché à ses gros sacs de cuirs souples et manufacturés. Anne-Lise sait que l’imagination voile souvent la réalité et peu lui importe aujourd’hui, sa valise à roulettes, son blouson North Face et le silence d’un train qui a perdu sa cheminée fumante, elle part. Assise dans le salon de l’inter rail SJ en gare de Stockholm, Anne-Lise attend le départ du train de nuit et profite du wifi. Cabine vingt-huit du wagon neuf, après avoir difficilement glissé sa valise sous sa couchette et suspendu son manteau pour éviter qu’il ne soit froissé le temps de ce long voyage, un homme légèrement vouté, sort et se dirige vers le salon de la première classe. Ses pas sont ralentis comme ceux des personnes âgées qui conjurent ainsi la chute fatale qui stopperait définitivement leur avancée vers un avenir encore prometteur. Paul s’assoit, sort un cahier d’écolier du cartable de cuir usé et patiné qu’il tient à la main. Il tire ensuite quasi religieusement de la pochette de sa veste de velours brun un stylo noir serti d’une bague dorée et ose alors, un regard vers la passagère qui lui fait face. Les cheveux frisés formant un véritable casque d’une douceur incroyable autour de son joli minois, le regard aux yeux de jais et un léger sourire aux lèvres, la jeune fille semble se moquer des préparatifs conventionnels, un peu surannés d’un vieux monsieur, elle dont les deux doigts s’agitent sur le clavier de son smartphone. Sachant que leur tête-à-tête durera, Paul engage la conversation afin d’alléger une promiscuité qui pourrait s’avérer pesante si elle restait silencieuse. « Bonjour Mademoiselle, je m’appelle Paul et je vais jusqu’à Narvik. » Simple présentation formelle mais en bon pédagogue, Paul sait que si la parole rapproche, elle permet aussi de mettre une distance entre deux inconnus. Les mots sont alors de légères protections contre l’intrusion des regards en coin parfois trop insistants. Anne-Lise, se contente de répondre la jeune fille surprise par une approche aussi directe. Elle est si habituée aux transports en commun où personne ne se voit ni ne se parle, chacun restant accroché à son téléphone pour éviter toute intrusion du regard des autres ! Comme pour soulager un début de relation un peu intimidante, le train démarre obligeant les deux passagers à détourner leur regard vers le quai déserté par les voyageurs montés dans les wagons et par ceux qui, ne faisant pas partie du voyage, sont repartis vers leur occupation. Anne-Lise soupire, ce voyage attendu comme peut l’être un rêve, ne devait se faire ni dans la solitude ni dans ce temps marqué du sceau d’un maintenant ou jamais. Anne-Lise sait que la réalité peut plonger définitivement toute imagination et espoir dans un puits sans lumière. Paul, discret, attrape la petite larme qui brille au coin des jolis yeux noirs de la jeune fille. « - J’ai une cabine mais je suis une vieille personne insomniaque qui passe ses nuits à lire et à écrire et je crois que je vais rester à cette table bien agréable. -J’ai un siège très inconfortable, répond Anne-Lise en faisant une grimace enfantine et soulagée comme peut l’être une petite fille rassurée par la présence d’un père protecteur. » Elle ajoute surprise par l’immédiateté de ses propos face à ce vieux monsieur si accueillant : « Je serais flattée Monsieur que vous m’acceptiez à votre table moi qui n’ai qu’un billet de seconde. » Il est dix-sept heures, la nuit est totalement tombée et le train glisse sur les rails. Paul écrit, il lève parfois la tête pour regarder à travers la vitre un paysage invisible qui défile pour chercher dans son propre reflet l’inspiration qui lui manque. Lasse des visios sur son téléphone, Anne-Lise attrape un livre dans le sac à dos qui traine à ses pieds. « - Anna Karénine, bravo Mademoiselle, Tolstoï est un auteur qui mérite qu’on le lise encore. - Le hasard m’a fait prendre ce bouquin laissé sur un fauteuil dans la bibliothèque de mon quartier et la seule première phrase m’a décidé à l’emprunter. » Anne-Lise tourne les quelques pages déjà lues : « Les familles heureuses se ressemblent toutes ; les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon ». Je n’avais jamais pensé le bonheur universel alors que le malheur reste unique et individuel mais depuis quelques jours, je suis convaincue qu’un malheur quel qu’il soit ne peut se partager, le « je me mets à ta place » est une foutaise, une supercherie, une fumisterie. Ses sourcils se froncent sur un regard noir et sa bouche se pince sous la colère de ses propos. » Paul sent qu’il n’est pas en droit de forcer cette limite intime que vient d’édifier sa voisine de voyage, il laisse donc le professeur prendre le relai de la conversation. « - En littérature, Mademoiselle, les premières phrases d’un roman constitue l’incipit, c’est une véritable porte d’entrée qui invite et accroche le lecteur. Ce roman merveilleux va vous embarquer tout au long de ce voyage, c’est la force des grands auteurs comme Tolstoï. -Lire est un moyen de ne pas sombrer quand la vie devient trop douloureuse, mais la fiction ne peut modifier la réalité et l’effet de soulagement est bien trop éphémère, conclut sèchement Anne-Lise. » Paul n’ose insister et reprend son écriture. Anne-Lise attrape son téléphone, se lève et s’éloigne vers « la plateforme dédiée aux appels » comme l’a conseillé le personnel au départ du train. Le plus naturellement possible, la jeune fille revient et reprend sa place en face de Paul qui sommeille le stylo à la main. Elle boit une gorgée du café chaud qu’elle a acheté dans le wagon restaurant et reprend sa lecture. Anna Arcadiévna Karénine vient de faire la connaissance de Vronski. « Ce roman vous plait-il ? » Réveillé depuis un petit moment, Paul observe Anne-Lise. La tête appuyée contre la vitre obscure du compartiment, la jeune fille oriente son livre vers la lampe posée sur la table offrant ainsi au regard du vieil homme un magnifique clair-obscur, la liseuse à la fenêtre de Vermeer revisitée. « Permettez-moi de vous inviter à diner Mademoiselle, un vieil homme comme moi serait flatté par la compagnie d’une jeune et belle jeune fille. » Tout au long du repas, Paul parle littérature et Anne-Lise en étudiante passionnée, l’écoute. « - Laissons tous ces auteurs et dites-moi pourquoi ce voyage en Norvège ? -Simplement pour me réveiller un petit matin d’hiver dans le grand nord sous la magie des aurores boréales ! répond-t-elle en riant mais elle ajoute plus sérieusement : Je dois prendre une décision qui va changer le cours de ma vie et je veux le faire sous ce tableau céleste qui sera pour moi le cadeau inespéré d’un ultime voyage. Je cherche et je lutte pour ne pas comme dans le roman que je suis en train de lire, pour ne pas succomber à ce « pourquoi ne pas éteindre la lumière quand il n’y a plus rien à voir, quand le spectacle devient odieux. -J’ai l’âge qui convient pour parler de cette fin qui approche et elle me fait peur mais pour vous jeune fille, la vie est un bien trop précieux pour que vous l’abrégiez volontairement. » Paul est horrifié par la détresse que lui renvoie Anne-Lise. Quels mots pourrait-il trouver pour l’apaiser sans l’obliger à révéler son secret ? « Dans ce cas, si mes sensations n'existent plus, si mon corps est mort, il n'y a plus d'existence possible ? » se contente de lui répondre Anne-Lise en reprenant les mots de Kitty, la belle-sœur d’Anna. Paul une fois de plus n’ose insister tant il sent la fragilité de cette jeune fille. Maladroit et démuni, il se contente de lui proposer de choisir un dessert. Anne-Lise retrouve son sourire et reprend un bavardage qui le distrait et le fait beaucoup rire. Il écoute et sent que ce bavardage futile n’est là que pour amorcer une terrible confidence. « Savez-vous que je me suis décidée à ce voyage en cinq minutes. J’étais venue passer une soirée chez des amis avec Damien. À un moment dans cette fichue soirée, Damien est venu devant moi et a fait tomber son verre. En femme prévenante, je me suis baissée pour le ramasser et essuyer le sol. En me relevant, j’ai vu le geste et le regard de connivence de mon amoureux avec ses amis qui rigolaient derrière nous. Interrogé, Damien s’est contenté de me répondre qu’il avait parié que ses amis verraient ma petite culotte avant la fin de la soirée. Le monde s’est écroulé pour moi. Le féministe nous a-t-il fait sortir de cette place d’objet ? Sommes-nous toujours ce fardeau qu’il faut attacher dans le dos pour que l’homme ait les mains libres ? » Anne-Lise fond en lourds sanglots et murmure pour elle-même mais aussi pour partager le poids de son secret avec ce vieil homme qu’elle ne connait pas : « Je suis enceinte de cet homme et cela me fait horreur. » Anne-Lise se lève et retourne résignée dans son compartiment sur son siège inconfortable. Resté seul, le vieil homme attrape le roman d’Anna Karénine laissé sur la table, il l’ouvre sur la page cornée et écrit dans son cahier d’écolier : « Une belle rencontre dans un train filant vers le Grand-Nord. Laissons-la rester juge de la situation. Elle en comprend la bassesse et l’horreur, mais il n’est pas aussi facile d’y rien changer, de prendre une décision. Laissons la libre d’agir à son heure et ne lui parlons plus jamais de cela… Laissons la partir seule vers un ailleurs et y trouver ce trésor enfoui qui s’appelle espérance. » 

      Annick
           

       Nous sommes le 20 juin 2000, Leny, deux mois, est désormais pupille de l’Aide sociale à l’enfance, ainsi en a décidé sa mère. Il va heureusement être adopté d’ici quelques jours par une famille qui l’attend, l’espère, depuis des années. Pour tout bagage un mot de sa mère : « Tu t’appelles Leny, je suis Nely, cela sera notre seul lien. » Quand il a eu six ans ses parents adoptifs ont jugé honnête de lui dire la vérité, sa vérité avec beaucoup d’amour, de précautions et des mots simples qui devaient rendre cette situation tout à fait normale ! Leny n’a manifesté aucune émotion, n’a posé aucune question et, est reparti jouer. Le lendemain il n’y voyait plus « ne pouvait plus voir » disait -il. Aujourd’hui Leny a 20 ans, il a toujours sa canne blanche et aucune explication scientifique quant à cette perte de vision. C’est une incompréhension teintée de tristesse et de colère. Il traverse seul ce chemin bordé d’amour d’un côté et d’abandon de l’autre. Toujours en équilibre, toujours hésitant Leny ne connaît pas l’unité, telle est sa quête, être un et c’est tout. Être un sans toutes ces questions, sans cet abandon incompréhensif, sans ce rejet. Il sait bien que son obscurité est le mélange, l’addition, de tout cela mais le savoir n’est pas suffisant pour vivre avec. Ce matin alors qu’il se prélasse sur la terrasse, il surprend des murmures, des chuchotements, ses parents sont dans le séjour, il entend « Nely et le Loupio à Biarritz ». À cet instant précis il sait que le moment est venu, il faut comprendre, trouver, il lui faut partir. Une fulgurance vitale il doit savoir. Lény a toujours vécu dans ce village du Périgord vert, d’où les habitants sont partis les uns après les autres, les plus jeunes pour des raisons financières et les plus âgés ont été les uns après les autres conduits au cimetière. Il en garde quelques images, celle de l’église sans particularité, une fontaine esseulée, deux places inutiles désormais. La plupart des volets sont fermés, non à cause de la chaleur mais par abandon. Lény habite une grande et vielle bâtisse du 17 siècle… les murs sont épais, solides, protecteurs ses parents adoptifs l’ont achetée et rénovée quelques mois avant son arrivée. Tout ce qu’il sait de cet endroit lui a été maintes fois répété par sa mère, depuis son handicap elle prend soin régulièrement de lui faire toucher les murs, les plantes, lui explique longuement avec détails tous les changements qui adviennent au fil des années. Ses souvenirs, les balades en sa compagnie lui ont permis de ne jamais oubliéer complètement les alentours et ses chemins favoris. Ces chemins qu’il parcourt sous le soleil sous la pluie, sous la neige, dans la boue et dans le vent, qu’il parcourt comme un forcené pour oublier ou pour comprendre pour exister pour respirer. Ses souvenirs sont devenus des odeurs, celles des vielles pierres humides, des peupliers qui bordent le lavoir, des moissons quand vient la saison. Des odeurs et des sons, des chants d’oiseaux, le train au loin qui indique l’heure, les poules de Georges le voisin irascible. Leny retrouve ses paysages quotidiennement, s’en nourrit, s’en console, il déambule sans problème depuis des années la canne dans la main droite et le portable dans la main gauche. Il est chez lui c’est son village, son endroit, son repère. Aujourd’hui il ira un peu plus loin il ira au bout de ses forces pour alléger son esprit, pour trouver dans l’épuisement physique une réponse, des convictions, des décisions. Il fonctionne ainsi depuis tout petit. Il se perd dans cette nature, écoute, ressent, attend. Souvent quand il rentre son esprit est plus claire et ses pensées sans doute. Son esprit aujourd’hui est tout entier focalisé par ces mots surpris ce matin sur la terrasse. Biarritz ! ainsi sa fausse mère c’est ainsi qu’il la nomme serait à Biarritz, elle y serait revenue pour chanter d’après ce qu’il a entendu… « le Loupio » tel est le nom dont parlaient ses parents ce matin. Le nom du cabaret. Il ira c’est décidé, il ira, il est temps de sortir de cette double histoire. Il ira, il va demander à Camille son amie de toujours d’organiser cela, il ira le week-end prochain, avec ou sans Camille d’ailleurs, c’est un impératif ! De retour chez lui il fait part de sa décision à ses parents qui échangent un regard complices leur ruse a fonctionnée il a entendu leurs chuchotements ! Camille l’a accompagné jusqu’au début de la ruelle, son GPS sera son guide jusqu’au cabaret « le Loupio ». Cette ruelle débouche sur l’océan il le sent, son odorat ressuscite un bleu qui s’est estompé au fil des années. Dans cette ruelle, des odeurs, des odeurs de tous côtés, des odeurs exotiques qui en se mélangeant invitent à des voyage lointains et sans danger. Les rues pavées le rappellent à l’ordre sans arrêt. À cent dix mètres à partir du premier croisement sur la droite une marche et une lourde porte cloutée. C’est là qu’il se rend. Une inspiration essayer de déglutir, se composer un personnage sûre de lui presque indifférent ! En poussant la lourde porte il est saisi par l’odeur forte, lourde, pesante, un mélange d’alcools de parfums de tabac froid… Il ne sait pas trompé ! L’imprésario du lieu vient l’accueillir, se présente, oui c’est bien lui qui a répondu au téléphone l’autre jour oui ils ont bien rendez-vous aujourd’hui. Ils font ensemble le tour du cabaret lentement pas à pas, là, les canapés rouges et les trois fauteuils assortis, plus loin la piste de danse et ses trois marches au fond à droite la scène qui accueille régulièrement des artistes souvent inconnus. Le bar aux mille bouteilles, et cet endroit plus cosy trois tables rondes entourées de fauteuils. « Vous le sentirez c’est le seul endroit où il y a de la moquette » ajoute l’impresario. Son handicap ne sera plus s’il s’installe dans cet endroit. Lény imagine les jeux de lumière en entendant le rythme de cette musique trop forte. Cette musique de consommation et d’oublis. C’est la première fois qu’il entre dans un tel endroit… Le repérage est fait, il pourra demain soir revenir seul sans autre préoccupation que celle de sa quête. Ils s’installent dans les fauteuils rouges, Leny impressionné, sans voix, ne sait plus quels mots avancés. Heureusement, Claude, l’impresario qu’il a déjà eu au téléphone, prend la parole le sauvant d’un mutisme maladif et maladroit « - Leny ? c’est cela Leny ? - Oui, bonjour et merci d’être venu. - Vous êtes le fils de Nely si j’ai bien tout compris. - Il paraît mais je ne la connais pas. Il sourit en montrant sa canne et ses lunettes noires. Je sais juste qu’elle a longtemps chanté dans ce cabaret et qu’il existe un enregistrement. Peut-être en savez vous plus. - Oui, j’ai plusieurs enregistrements datant d’époques différentes. - Pourriez-vous m’en faire une copie, je veux juste entendre sa voix pour essayer de comprendre. - On se voit ici demain vers 22h30, je vous en donnerai un ou deux. - Je serai là. » Leny quitte le cabaret, joie et peur impatience et colère l’habitent. Pendant qu’il se débattait avec cette vie compliquée, celle qui en était à l’origine chantait. Comment peut-on chanter en ayant quelque part un enfant en errance. Tout se mélange trop de questions Leny est sauvé par Camille qui l’attend là juste à la sortie du cabaret. Il repère son parfum et devine un sourire. Il raconte son entrevue, son rendez-vous, sa quête, ses espoirs qui semblent devenir réalistes. La journée du lendemain est interminable malgré tous les efforts de Camille pour le divertir l’occuper le rassurer. Il est fiévreux, nerveux, impatient et incapable de gérer toutes ces émotions qui s’invitent, s’imposent lui qui se croyait fort serein et capable de maîtriser ! La même ruelle, la même porte, les mêmes odeurs ? Il entre du bout de sa canne refait le chemin expliqué la veille. Le même fauteuil, la même appréhension. « - Bonsoir Leny tu es ponctuel ! - Le moment est important comment ne le serai-je pas. - Je ne t’ai pas apporté d’enregistrements on ira les chercher à la caisse du cabaret en partant. » Leny ne dit rien mais un énorme sentiment de trahison lui donne envie de pleurer, une déception de plus comment a-t-il pu se fier à cet homme qu’il connaît à peine. « - Mais… - Doucement Leny, je t’ai promis un enregistrement, tu l’auras ne t’inquiète pas, je te laisse un moment j’ai une artiste à rencontrer. Attends-moi, je reviens. » À peine Claude l’imprésario est -il parti qu’une personne s’approche de sa table vêtue d’une longue robe noire moirée, longiligne et élégante elle semble caresser le sol. Autour du cou un collier de perles noires semble aimanter toutes les lumières du cabaret. Elle tire un fauteuil vers elle doucement, délicatement. « Bonsoir je peux m’asseoir ? » Une odeur, un murmure de présence et cette voix, Leny déconcerté ne peut qu’acquiescer. « - Je vous en prie - Vous buvez quelque chose je vous l’offre, je vais commander ? - Comme vous alors merci. - Je chante ici, Claude, mon impresario m’a dit que vous auriez quelques questions à me poser. J’avoue qu’il ne m’a rien dit de plus que c’est une énigme. - Je ne sais pas si c’est vous que je désire rencontrer, je m’appelle Leny, la personne que je cherche a chanté ici c’est certain. Cette personne a abandonné son fils il y a une vingtaine d’année dans une pouponnière de l’ASE. Elle doit se prénommer Nely si elle n’a pas changé de pseudo. » Nely se recroqueville sur sa chaise, toute son élégance s’effondre, elle devient bloquée de stupeur et de souffrance, elle devient amas de honte et de peine. Elle voudrait disparaître encore une fois, elle en vient à penser qu’heureusement que ce jeune homme est aveugle. Tout ce qu’elle a pu ériger au fil des années pour tenir, tout ce qu’elle a composé s’écroule à cet instant précis. Elle hésite entre fuir encore une fois ou affronter, assumer, avouer. « Alors, vous voulez me rencontrer ?, dit-elle dans un murmure. » Le choc est violent, Leny n’a pas le temps de se composer un visage, une attitude, une réponse il est anéanti par une vérité qui lui est assénée là dans un cabaret. Il en avait écrit pourtant dans sa tête des histoires de rencontres, des excuses, des scénarios de retrouvailles, des instants de bonheurs et de pleurs. Il est là en face d’une femme qui dit être sa mère parce qu’il a posé la question. Un sentiment d’injustice, de colère comme celui qu’il avait éprouvé quand la vérité lui avait était annoncée. Il a six ans et refait le chemin et revit cette béance. Un choc, une fin de quête, une réalité qui s’impose, elle est là devant lui. Des larmes, enfin les premières larmes depuis sa cécité, des larmes indéfinissables, bonheur ou tristesse, rancune ou colère, joie ou soulagement il ne le sait mais des larmes. Ne rien montrer se dit-il. « - Alors c’est vous - Tu peux me tutoyer, je vais t’expliquer. - Alors c’est bien vous ! Tout en réalisant cela Leny, perdu dans ses réactions, submergé, ne sait pas, ne sait plus… Au-delà des larmes, une forme semble se dessiner, une forme sombre floue qui se dévoile par instant, une forme qui alterne entre illusion et réalité. Puis un visage dans lequel il reconnait son propre regard, celui d’avant, un collier noir, des lèvres maquillée. Ce qu’il voit maintenant ne peut pas s’inventer son cœur en est certain c’est elle - Je ne veux pas d’explication, un tel geste ne s’explique pas, je voulais juste vérifier, je voulais entendre votre voix pour y trouver une réponse. Ma vue s’est retirée de mes yeux le jour où j’ai appris mon adoption et donc mon abandon, Savez-vous ce que cela signifie de ne pas exister dans les yeux d’une mère ? Savez-vous la souffrance, la douleur, les moqueries ? Savez-vous la canne blanche, l’hôpital ? non ! vous chantiez. - Pardon. - Je ne veux pas de pardon ou de regret j’ai trouvé ce que je cherchais et surtout je sais maintenant que ma vue est légitime que je ne dois pas me priver de cela, mon abandon m’a fermé les yeux, le comprendre aujourd’hui m’ouvre d’autres horizons. Vous m’avez emmuré dans le noir d’un monde sans amour de votre part. Vous m’en délivrez aujourd’hui je n’en veux pas plus. Ce soir c’est moi qui vous laisse, nous n’avons madame aucun lien malgré vos lettres épelées et mélangées. » Leny se lève prend sa canne par habitude et se dirige vers la sortie. Il ne prendra pas les enregistrements, il n’appellera pas Camille pour qu’elle vienne le chercher il lui fera la surprise. Comment est-elle Camille ? Est-elle aussi jolie que sa voix ? 

      Laurence
        
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